Voici la suite de l’article sur la pollution de l’air. Après avoir vu les effets de la pollution sur la performance, les risques pour la santé, nous allons voir dans cet article les conditions météos qui sont propices aux pics de pollution, les variations de la pollution au cours de l’année mais aussi au cours de la journée.

Si vous avez manqué la première partie sur les risques de faire du sport dans un air pollué, les effets de la pollution de l’air sur la performance, et pour savoir s’il vaut mieux rester chez soi ou aller courir quand l’air est pollué, alors vous trouverez toutes les réponses dans l’article sur la course à pied dans un air pollué.

Les conditions météo propices aux pics de pollution

Les pics de pollution sont principalement causés par des conditions météorologiques particulières, qui ne permettent pas la dispersion des polluants. Voici plusieurs conditions défavorables :

L’absence de vent : c’est le premier critère qui vient à l’esprit. En effet, le vent permet de disperser les polluants, l’absence de vent favorise donc la concentration des polluants sur leur lieu d’émission.

Le soleil : il favorise les réactions chimiques entre polluants qui aboutissent notamment à la formation d’ozone. Les alertes à la pollution en été sont souvent dues à des pics de concentration en ozone.

L’inversion des températures : normalement, la température de l’air diminue avec l’altitude, les polluants peuvent donc « s’échapper » par le haut car ils sont toujours plus chauds, donc plus légers que l’air ambiant. En cas d’inversion de température, il y a une couche d’air dans l’atmosphère qui est plus chaude que la couche d’air au sol où sont les polluants. Les polluants sont émis dans la couche basse et ne peuvent donc pas monter car ils sont plus froids, donc plus lourds que l’air qui est au dessus : c’est comme s’il y avait un couvercle d’air chaud. Ce phénomène survient particulièrement lors de belles journées ensoleillées en hiver avec un vent faible.

– De manière générale, l’air est plus stable dans des conditions anticycloniques (hautes pressions), ce qui favorise l’accumulation des polluants.

L’absence de pluie : la pluie permet de solubiliser certains polluants et d’entraîner au sol les polluants les plus lourds.

La variation de la qualité de l’air pendant l’année

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les pics de pollution n’interviennent pas seulement l’été. En fait, la plus grande partie des alertes à la pollution a lieu pendant les mois d’hiver, comme le montre le graphique ci-dessous (source : bilan annuel disponible sur http://www.air-rhonealpes.fr). Il s’agit de la répartition des alertes à la pollution (ou simple information, selon le niveau de pollution)  selon les mois de l’année 2014 en région Rhône-Alpes :

répartition des alertes à la pollution de l'air en Rhône Alpes en 2014

Répartition des alertes à la pollution de l’air en Rhône Alpes en 2014

Ainsi, plus des trois quarts des pics de pollutions ont eu lieu soit en Novembre/Décembre ou en Janvier/Février/Mars. Autre exemple avec le graphique ci-dessous qui représente le nombre de jours par mois où l’indice de qualité de l’air était médiocre, mauvais ou très mauvais dans l’agglomération parisienne, entre 2007 et 2012 (source : rapport 2012 sur la qualité de l’ai en Île-de-France, disponible sur http://www.airparif.asso.fr) :

Indice de la qualité de l'air à Paris entre 2007 et 2012

Indice de la qualité de l’air à Paris entre 2007 et 2012.

On voit clairement une hausse du nombre de jours avec une mauvaise qualité de l’air pendant l’hiver, principalement due aux particules en suspension PM10 (à noter que la méthode de calcul a changé pour l’année 2012 pour les particules PM10, d’où des valeurs plus élevées). En effet, en 2012, près de la moitié des journées les plus polluées ont eu lieu pendant les mois de Janvier et Février.

Pour résumé, les pics de pollution en hiver sont souvent dus aux particules en suspension, alors qu’en été, c’est plutôt l’ozone qui est responsable des alertes à la pollution atmosphérique, car le soleil favorise les réactions chimiques entre polluants (qui jouent alors le rôle de précurseurs) qui conduisent, entre autre, à la formation d’ozone.

C’est ce que l’on retrouve sur les cartes ci-dessous. Elles représentent les concentrations moyennes en particules PM10 et en ozone en hiver et en été en France en 2013 (source : rapport du Commissariat Général au Développement Durable sur le Bilan de la qualité de l’air en France en 2013, disponible sur www.developpement-durable.gouv.fr).

Carte de la cencentration en PM10 et en ozone en été et en hiver

Carte de la concentration en particules en suspension et en ozone en été et en hiver.

On voit très bien que la concentration en PM10 est plus élevée en moyenne en hiver qu’en été, alors que pour l’ozone, c’est l’inverse.

La variation de la qualité de l’air pendant la journée

Vous vous en doutez, même s’il existe un « fond » de pollution, surtout dans les grandes villes, les concentrations en polluants évoluent au fil du trafic de la journée. Voici le cycle journalier moyen dans Paris, place Victor Basch (14e arrondissement) pour le dioxyde d’azote (NO2), les particules en suspension PM10 et le monoxyde de carbone (CO) (source : http://www.airparif.asso.fr) (cliquez sur l’image pour accéder au fichier original en pdf).

Profil journalier moyen de la pollution de l'air place Victor Basch (Paris 14e) en 2010.

Profil journalier moyen de la pollution de l’air place Victor Basch (Paris 14e) en 2010.

On remarque deux pics très marqués pour le dioxyde d’azote et le monoxyde de carbone aux heures de pointe pendant la semaine. Inutile de dire que mieux vaut éviter de courir pendant ces heures où le trafic est très chargé. On s’en doutait, mais les graphiques le confirment.

Pour les particules en suspension, le cycle est plus difficile à analyser : il n’y a qu’un pic le matin, mais étalé sur plusieurs heures, et avec une concentration qui reste haute et qui diminue lentement dans l’après-midi, jusqu’au soir.

De manière générale, les concentrations sont plus faibles le weekend qu’en semaine, moins élevées le dimanche que le samedi.

À quelle heure de la journée courir ?

D’après les graphiques que nous venons de voir, le matin avant que le trafic s’intensifie semble être le moins pire meilleur moment pour courir. Par contre, il faut être matinal, car la concentration augmente rapidement dès 7h30. Autre solution : courir le weekend, plutôt le dimanche que le samedi, plutôt le matin que l’après-midi. Bien évidemment, ça complique un peu plus l’emploi du temps, et il y a de grandes chances que vous ne pouviez pas courir qu’à ces moments là. Dans ce cas, évitez surtout les heures de pointe et les grands axes de circulation.

Se renseigner sur la qualité de l’air

Voici une liste de sites internet où vous trouverez les indices de la qualité de l’air de votre région :

– AirParif : http://www.airparif.asso.fr

– AirPaca : http://airpaca.org

– Atmo Nord-Pas-de-Calais : http://www.atmo-npdc.fr

– Atmo Aquitaine : http://www.airaq.asso.fr

– Observatoire Air Rhône-Alpes : http://www.air-rhonealpes.fr

– Air Languedoc-Roussillon : http://www.air-lr.org

– Lig’Air : http://www.ligair.fr (région centre)

– Air Lorraine : http://www.air-lorraine.org

– Atmo Poitou-Charentes : http://www.atmo-poitou-charentes.org

– Atmosf’air Bourgogne : http://www.atmosfair-bourgogne.org

– Air quality in Europe : qualité de l’air dans beaucoup de villes françaises (http://www.airqualitynow.eu/fr/index.php)

Pour être complet, Atmo France (réseau des Associations Agrées de Surveillance de la Qualité de l’Air) a regroupé l’ensemble des entités régionales sur une même carte de France, ce qui permet d’accéder très rapidement à la qualité de l’air de votre région :

Carte des associations de surveillance de la qualité de l'air en France

Carte des associations de surveillance de la qualité de l’air en France.

Bien sûr, pas la peine d’aller vérifier chaque jour, mais il peut être intéressant d’y aller quand les conditions météorologiques sont propices à une accumulation des polluants.

Conseils pratiques

Pour finir, voici quelques conseils de bon sens :

–  Évitez les heures de rush du matin et du soir. Le mieux (ou moins pire ?) serait d’aller courir le matin avant que le trafic soit trop chargé, ou le weekend le matin.

Évitez les grands axes de circulation : c’est en effet là que la pollution est la plus forte. Mieux vaut donc prendre des routes moins empruntées, c’est de toute façon plus agréable 😉

– Si vous ne pouvez pas décaler une séance en dehors des heures de pointe, essayez de la faire en intérieur. Sinon, il est peut-être plus judicieux de l’annuler, tout simplement.

Renseignez-vous : en utilisant les sites que j’ai listés plus haut, vous pouvez facilement trouver le niveau de pollution près de chez vous. Alors dans le doute, dans le cas de situations météos propices, renseignez-vous 😉

Avec cet article et celui sur les effets de la pollution et du sport pour la santé, j’ai essayé de « démystifier » un peu ce qui ce cache derrière la notion de pollution de l’air, et j’espère vous avoir rassuré : le sport, c’est bon pour la santé, même sous notre air « pollué » 😉 Bien sûr, si tout le monde prenait conscience du problème, cet article n’aurait pas lieu d’être, et ça serait beaucoup mieux !

Pour finir, une petite question pour vous : étiez-vous déjà sensibilisé à la pollution de l’air avant la lecture de l’article ? Y prêtez-vous attention en général ? Merci de me le dire dans les commentaires 😉